[Semaine o8] Train 3949 Direction Syracuse ( Melenda Shil Mathias )

Melenda n'était pas à son aise. Comme à chaque fois, comme en toute situation où il se retrouve prisonnier d'un conditionnement-type, entouré de quelques êtres, de-ci, de-là. Tout ce brouhaha, ce vacarme, ces gens qui vont et qui viennent sans savoir pourquoi, parfois sans-même se poser la question ; c'est irritant.

Comme toujours en ce genre de situation, Melenda était sur la défensive, comme armé d'un bouclier et d'une épée invisible, prêt à trancher la tête de celle ou de celui qui viendrait à l'approcher de trop près. Il fallait donc modérer cet aspect guerrier, forgé depuis longue date, au sein de son enfance, de son foyer et de son environnement, avec cet autre aspect qu'il tenait tout particulièrement a refléter : celui d'un être amical, ouvert, voire généreux et disposé à rendre service. Cela relevait de l'exercice, mais Melenda en avait l'habitude.

D'un regard vif, il jeta un bref coup d'œil en direction de l'horloge.


Melenda qui, quelques minutes auparavant s'était assis sur un de ces bancs inconfortable de gare, décida de se relever et d'arpenter la dites-gare qu'il ne trouvait ni jolie, ni moche, il n'avait, à dire vrai, aucun avis sur la question, et la présence oppressante de tous ces hommes et femmes en uniforme suffisait amplement à tenir son attention en haleine. Il n'était pas vraiment du genre à rêvasser en public. Chez lui, oui, il adorait ça ; il ne faisait même que cela. Mais, lorsque l'on est un guerrier, en public, on ne rêvasse guère, on se tient plutôt au courant de tout ce qu'il se passe, à 360° à la ronde. Il voyait tout, l'œil sur tout et le jugement immédiat qui s'en suivait. Il avait du mépris pour celles et ceux trop bien sapés, aux chapeaux haut-de-forme et aux allures de bourgeoisie ; il avait de la répulsion instinctive pour celles et ceux à l'allure de quelques clochards égarés. Finalement, nous pouvions aisément nous poser la question : qui Melenda acceptait de ne pas juger ? Lui-même n'aurait su le dire.

Sans parler de tous ces clowns en uniforme..

Quoi qu'il en soit, Melenda continuait sa petite expédition en gare, attendant l'arrivée de son train au démarrage d'une nouvelle vie. Melenda la souhaitait ardemment cette nouvelle vie, il rêvait d'un peu de calme, mais surtout, il rêvait de quelques rencontres admirables. Mais, au fond de lui, il le savait déjà, cela ne serait pas aussi simple qu'il le voudrait car, et cela il le savait depuis longtemps, rien, dans la vie, n'est dotée du vêtement flamboyant de la simplicité. Il fallait s'en accommoder. Melenda n'était pas le moins armé. Il s'en sortirait, comme il s'en sortait toujours.

Ainsi, il attendait..

-476 kilomètres à pieds, ca use, ca use. 476 kilomètres à pieds, ca use les souliers! 477 kilomètres à pieds, ca use........ (chanson débile)


-On dirait que tu as épuisé tout ton stock TJ, si tu en es rendue à chanter des chansons débiles (vous voyez!) pendant 2h.


Les quelques personnes encore présentes dans l'autobus tournèrent la tête pour voir si c'étaient à eux qu'on s'adressait et se désintéressèrent tout de suite après. Tout ce qu'ils voyaient, c'étaient un adolescent allongé à travers la dernière banquette, un livre ouvert par-dessus la figure qui semblait parler seul. Rien d'alarmant. Lentement, Mathias se redressa de sa position plus ou moins confortable, laissant le livre lentement glisser de son visage à sa poitrine, révélant des yeux encore emplis de sommeil surmontés d'une paire de lunettes des plus simples. Il observa l'air renfrogné de l'esprit assis sur la banquette vide en face de lui


- Pffff! Ce n'est pas de ma faute si tu as décidé de prendre ces stupides bus au lieu de l'avion qui nous tendait les bras!


-Tu sais bien que je dois économiser mon argent en attendant d'être bien installé et d'avoir trouvé un boulot. Arrête donc de te plaindre pour une fois et laisse-moi donc finir tranquillement mon livre.


-D'accord, d'accord! De toute façon la gare est encore loin. On fait le plein en ce moment et le chauffeur vient d'annoncer qu'on arriverait dans 1h environ.


-Mmmm, super.


Déjà retourner dans son livre, Mathias n'enregistra que l'information du temps restant avant d'arriver à destination. Mais le temps passant, il s'étonna que le bus ne reprenne pas la route. S'arrachant à sa lecture il jeta un rapide coup d'oeil par la fenêtre. Trois choses s'imposèrent alors à lui. Premièrement, l'imposant panneau indiquant ''Terminus de la gare''. Deuxièmement, L'horloge mural indiquant qu'il restait moins de dix minutes avant l'arrivée de son train. Et troisièmement, TJ à l'extérieur du bus, complètement hilare devant Mathias trébuchant à travers le bus pour sortir au plus vite. Après avoir récupéré son sac de voyage et lancé un regard assassin à l'esprit toujours en train de se rouler par terre, il se dirigea d'un pas rapide vers la billetterie la plus proche.


Deux minutes plus tard, il se laissa tomber sur un banc du quai, billet en main et profita du peu de temps avant l'arriver du train pour observer la cohorte de gens avec qui il allait voyager. Son attention fut immédiatement capter par le flamboyants personnage faisant les cent pas. Il faut dire qu'il avait tout pour attirer le coup d'oeil, avec sa veste rouge, ses cheveux blonds et le visage recouverts d'énigmatiques tatouages. Ces tatouages lui rappelèrent soudainement une vieille histoire qu'il avait lu. Tâchant de se rappeler le conte, il ne se rendit pas compte qu'il continuait à suivre machinalement des yeux le jeune homme, l'air complètement ailleurs.

Melenda posa alors son regard sur un jeune homme à l'allure un peu frêle qui venait de s'asseoir sur l'un de ces fameux bancs. (*sourire*). Il sourit alors, et dit,


Détournant son regard du jeune homme et, par effet de conséquence, passant immédiatement à autre chose ; Melenda commençait sérieusement à s'impatienter.


Ils se dirigèrent alors vers une petite terrasse en gare. Le genre de terrasse hors-de-prix, où il est d'un inconfort inconcevable de poser son arrière-train. (*sourire*).

Spoiler:

« Oh non vite ! »


Plus que cinq minutes avant l'arrivée du train. Au volant d'une berline noire, Nanou la nourrice arriva en trombe sur le parking de la gare, petite femme rondouillette d'une cinquantaine d'année, les cheveux au carré et grisonnant, vêtu d'un ensemble en tissus souple vert anis. Il lui fallut peu de temps pour exécuter son créneau presque parfait le long du trottoir bordant l'entrée principale. Les deux portes avants s'ouvrirent presque en même temps, Nanou et une jeune fille en sortit prestement. Cette dernière semblait sortie tout droit d'un manga ou d'une exposition consacrée à ce thème, tant son accoutrement pouvait sembler étrange dans cette petite gare de campagne. Une robe bustier grise, bouffante sur ses cuisses et cintrée par un serre-taille corseté noir. Elle était chaussée de longues chaussettes noires surmontées de dentelle, qui emmaillotaient ses genoux et ses mollets longilignes, ainsi que de chaussures vernies noires et grises à grosse boucle argentée. Ses talons carrés martelèrent le bitume jusqu'au coffre de la voiture déjà ouvert, puis elles projetèrent de rassembler toutes les affaires de Shil. Nanou ne put s'empêcher de trépigner discrètement et de lui faire une remarque.


« - Quelle idée de prendre tant d'affaires ma chérie, nous aurions pu te les faire parvenir par la suite, en livraison.



- Oui... je sais bien, mais je n'étais pas sûre des affaires dont j'aurai besoin.. alors j'ai pris tout ce qui pourrait potentiellement m'être utile de suite. »


**rire**Tu n'as rien oublié? Car avec une valise, un sac de voyage, un sac à dos et ton sac à main, je me demande si tuas eu la place de mettre le minimum vital?*


La voix de Jade était taquine et souriante. Sachant très bien que Shil était une jeune fille très prévoyante et qu'elle avait certainement envisagé pratiquement toutes les possibilités des besoins qu'elle pourrait avoir ces quatre prochains jours. Mais ça l'amusait toujours de la voir empêtrée sous son amoncellement de bagages. Bien que depuis le temps, avec tous ces déménagements elle avait acquis une certaine dextérité et organisation pour tout ceci. Ajustant sac de voyage et sac à main sur la valise à roulette pour ne pas en supporter le poids, sa docile minette dans son sac en bandoulière et sac à dos pour ne pas être encombrée. Elle embrassa Nanou en la serrant dans ses bras, les yeux embrumées et se dirigea à l'intérieur même de la petite gare. Franchissant les portes en verre automatiques, elle se retourna une dernière fois lui lançant un baiser timide du bout des doigts.

« - Oui bien sûr... mais ce n'est pas facile. Merci de rester à mes côtés Jade. »


Elle murmurait, ne voulant pas passer pour une folle. De plus dans les lieux un peu isolés comme ici, il arrivait souvent que les préjugés soient plus rapide que les pensées raisonnées. En effet,c'est assez évident que dans notre monde, les personnes que l'on croise à l'extérieur, puissent deviner que l'on parle à son esprit... mais mieux valait être vigilante. Levant le visage en direction du panneau d'affichage, elle soupira soulagée, le train ne devrait plus tarder. Elle pensait vraiment qu'elle l'avait raté.


« - Quai n°1, direction Syracuse »


Elle se dirigea donc dans cette direction trainant sa valise accablée derrière elle et choisit un banc proche du repère de son wagon. Plus que quelques minutes... Souriante, son cœur s'emballait sous l'émotion ; sur la lune, ses pensées prenaient mille et une directions, imaginant ce que pourrait être sa nouvelle vie.

Le vacarme abrutissant d'un vieux cheval de fer avait retentit au sein des espaces limités de la gare. Il eut semblait que celle-ci s'était mise à trembler tant le bruit avait été puissant. Melenda s'arracha de sa condition afin de se diriger vers l'impressionnant monstre de métal qui se tenait à quai.


Ils arrivèrent ensemble devant la voiture numéro 1 et y croisèrent alors le regard fier et froid d'un contrôleur en uniforme.


Melenda s'exécuta sagement et adressa un sourire sincère au dit-contrôleur qui ne lui rendit guère.


Ils pénétrèrent au sein des espaces de la voiture 1, à la recherche de la place 92 qu'ils trouvèrent sans difficulté. L'intérieur était impressionnant de sobriété, les sièges recouverts d'un cuir noir ciré, les murs dissimulés derrière une peinture d'un marron clair où quelques motifs dorés venaient danser, de-ci et là. Sans oublier la douce et rafraichissante odeur parfumée d'une climatisation, ni trop chaude, ni trop froide.

Après avoir déposé ses bagages en lieu adéquate, Mélenda prit place sur son fauteuil de cuir. Il se sentait important, il se sentait bien. A son aise. Après tout, un personnage tel que lui ne méritait-il pas que cela ? Après tant d'années de galère, tant d'années de honte et d'humiliations, il lui semblait plus que mérité de retrouver quelques espaces de confort, à l'image de son propre prestige personnel.

Mélenda regarda autours de lui, la voiture était vide de monde. Aucun bruit ne venait perturber le silence apaisant d'un intérieur déserté. Cela convenait particulièrement à Mélenda qui se doutait que la lourdeur-originelle de quelques individus nouveaux viendraient troubler cette quiétude éphémère. Finalement, ce que Mélenda préférait par-dessus tout, c'était d'être seul. Mais, il se doutait qu'il devrait s'arracher quelques sourires et mimer une fausse sympathie à ses futurs collègues de voyage.


Melenda posa alors sa tête sur le relevé-de-siège et ferma les yeux en attendant quelques mouvements.

Le train arriva, c'était le signal pour Sollan sortir de l'ombre. Enfin, il n'y était pas vraiment, mais c'était le moment pour que l'on commence à le remarquer, lui pour qui personne ne prête attention : on l'évite, on lui demande même quelquefois quand le prochain train arrive en le confondant avec un contrôleur... Sollan était seul et le restait, mais voilà qu'il s'approche du train et on le regarde bizarrement : un homme en costume ne passe pas inaperçu en ces lieux.


Sollan ne lui répondit pas, il n'aimait pas parler avec son esprit dans des lieux publics, et en plus tout le monde le regarderait. Non, à la place il fixait le train et qui semblait vouloir monter dedans :

Tout d'abord, il aperçut un jeune homme assit-là sur un banc, songeur. Sollan se demandait même s'il avait remarquer l'arrivée du train.

Et puis un peu plus loin, sur un autre banc, une jeune fille, aux cheveux d'un bleu étrange. Elle pourrait faire craquer n'importe qui avec ses tailles, et ses vêtements confirmer l'idée qu'elle venait d'une famille aisée.

Puis la dernière personne qui attira son attention était un jeune homme, ou une femme, enfin il n'en savait rien car elle venait d'entrer dans la voiture 1.



Sollan décida donc de monter dans le train, après qu'il eu renvoyer un faible sourire au contrôleur qui le voyait déjà comme un perturbateur signifiant : "n'ait crainte, je ne vous dérangerais aucunement", il s'engagea dans la voiture.

Il se mit à chercher sa place, la 104 et le plus silencieusement possible s'y installa. A part l'homme étrange, il n'y avait pas beaucoup de monde.


En regardant les autres voyageurs, il pensait que sa nouvelle famille n'aurait dû lui acheter un billet en première classe : il n'y voyait qu'un exemple de générosité, alors qu'ils ne l'ont même pas encore vu... Les personnes de ces wagons sont souvent riches ou célèbres, celui-là aussi surement, mais pas lui.

Observant les alentours, il détaillait les voyageurs qui l'entouraient...

Spoiler: